La Chambre des Métiers constate une amélioration des finances publiques prévues pour 2025. Elle regrette toutefois que le solde budgétaire demeure déficitaire à l’horizon 2028. Par ailleurs, elle déplore une allocation des ressources financières de l’État sous-optimale.
Depuis 2020, dans un contexte incertain marqué par des défis géopolitiques, le déclin de la compétitivité européenne, et des pressions budgétaires croissantes, les budgets de l’Etat ont systématiquement surestimé les déficits. Toutefois, et malgré cette manne financière, les dépenses publiques continuent de croître à un rythme soutenu, limitant ainsi la réduction du déficit budgétaire.
Face à cette hausse des dépenses publiques, la Chambre des Métiers constate une augmentation inattendue des recettes de l’Administration centrale de 2,3 milliards d’euros, soit 9 %, par rapport aux prévisions émises en 2023. Si la Chambre des Métiers note avec satisfaction cette évolution positive des recettes, elle regrette que ces recettes supplémentaires ne soient pas prioritairement orientées vers des investissements essentiels pour le pays. Elle s’interroge quant à l’allocation des ressources financières de l’Etat, majoritairement orientée vers des dépenses de fonctionnement de l’Etat.
Dans ce contexte, force est de constater qu’au cours des dernières années, un emploi sur deux a été créé dans la fonction publique. Toute en étant conscient qu’un Etat moderne se construit avec des agents compétents et qualifiés, ce déphasage du secteur public par rapport au secteur privé met en exergue un déséquilibre macroéconomique structurel et fondamental. En effet, les recettes générées par le secteur privé risquent d’être insuffisantes pour garantir à terme le financement de l’organisation de l’Etat.
D’après le projet de loi budgétaire, les investissements devraient s’élever à 3,9 milliards d’euros en 2025, représentant une hausse de 4,7 % par rapport à 2024. Toutefois, l’expérience montre que les investissements prévus ne sont habituellement pas tous réalisés. Ainsi pour l’année 2023, le taux d’exécution budgétaire est de seulement 85% (75% pour les investissements en gros-œuvre et en génie civil). Par conséquent et compte tenu du contexte économique difficile, la Chambre des Métiers préconise que l’Etat se donne les moyens pour accélérer les investissements publics via les adjudications publiques, indispensable pour stimuler l’activité économique dans le secteur de la construction.
Enfin, la Chambre des Métiers reconnaît les efforts du Gouvernement dans le domaine du logement, avec un investissement de 480 millions d’euros sur la période 2024-2027 pour l’acquisition de VEFA. Elle encourage le Gouvernement à être encore plus ambitieux, en mettant l’accent sur la construction de logements abordables en ayant recours au modèles PPP présentés récemment par le Gouvernement. Ces investissements publics permettent de maintenir l’emploi dans le secteur de la construction et de résoudre à moyen terme la pénurie de logements.
Les défis structurels et la soutenabilité budgétaire
La Chambre des Métiers s’interroge sur la soutenabilité des finances publiques à long terme, mise à mal par l’évolution démographique et le système de pensions. Le vieillissement de la population entraîne une augmentation conséquente des dépenses de sécurité sociale, avec un nombre de pensionnés croissant de 4,1% contre seulement 1,7% de personnes actives.
Par conséquent, elle juge inévitable des réformes structurelles pouvant se traduire notamment par l’allongement de la durée de cotisation et par une meilleure adaptation des prestations à la situation financière, ceci afin de préserver l’équité intergénérationnelle et garantir à terme la compétitivité économique du pays. La Chambre des Métiers souligne également l’injustice entre le régime général des retraites et les régimes spéciaux dans la fonction publique.
Perspectives pour une meilleure gestion publique et soutien économique
La Chambre des Métiers insiste sur la nécessité de moderniser la gestion des deniers publics en adoptant une approche axée sur les résultats. Un tel changement de paradigme impliquerait que le budget ne serait plus présenté comme actuellement par ministères. Il serait à structurer par missions, représentant les grandes orientations des politiques publiques. Cette méthode améliorerait aux yeux de la Chambre des Métiers la transparence et l’efficacité des dépenses publiques.
Le soutien aux PME est un élément crucial pour la croissance économique du Luxembourg. Dans cette optique, la Chambre des Métiers insiste sur une réduction conséquente des charges bureaucratiques, notamment par la digitalisation des services publics et à la simplification administrative, ainsi que par des incitations fiscales visant à encourager les investissements dans la transition écologique et digitale.
La Chambre des Métiers appelle par ailleurs à des actions législatives ciblées pour réduire l’absentéisme, qui se traduit par des coûts significatifs pour le système de santé et pour les entreprises. Elle propose notamment l’introduction d’un certificat d’incapacité de travail digitalisé et un calcul des jours de congé sur base des jours de présence.
Enfin la défiscalisation des primes de fin d’année serait de nature à stimuler l’engagement individuel des salariés, et d’améliorer davantage la compétitivité de l’économie.
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