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Du piano au jazz, il n'y a qu'un tram...

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Claude Schlim est musicien professionnel, ingénieur du son, professeur de musique mais avant tout passionné. Au point d’avoir intégré dans la construction de sa résidence principale son propre studio d’enregistrement, celui-là même où ont résonné les notes de musique diffusées depuis sa mise en circulation à chaque arrêt du tram luxembourgeois. Rencontre avec ce fervent de musique classique et de jazz.

Vous avez fait installer votre studio d’enregistrement au sein même de votre maison. C’est un rêve d’enfant ?

Je crois que l’on peut dire cela, en effet. Je suis un passionné de musique, enseignant au Conservatoire d’Esch-sur-Alzette. Et j’ai toujours été attiré par l’enregistrement. Quand je vivais chez mes parents, et que j’étais adolescent, je formais avec mes amis un petit groupe de musique pop-rock. J’avais demandé la permission d’aménager la cave, et nous avions commencé à nous enregistrer.

Plus tard, lorsque j’ai construit ma propre habitation, j’ai souhaité concrétiser l’un de mes rêves afin de pouvoir enregistrer, chez moi, des ensembles de tous genres. C’est ce que je fais aujourd’hui sur mon temps libre.

Techniquement, ce n’était pas trop compliqué, d’intégrer un studio à un bâtiment d’habitation ?

Vous savez, tout cela se fait au moment de la conception des plans, lors de la réflexion et de l’imagination du projet. Il faut réfléchir à la manière d’empêcher l’écho, via la réalisation de doubles murs, par exemple. Il y a aussi, à chaque fois qu’il y a une ouverture sur la façade, non pas une mais deux vitres : une vitre extérieure dans le mur de la maison, et une vitre intérieure dans le second. On appelle cela une « chambre dans une chambre ». Il s’agit en fait d’éviter que les vibrations qui se créent lorsque l’on enregistre une batterie ou un piano ne se perdent dans le premier mur. Le plafond est par ailleurs suspendu avec des vis spéciales pour ne pas que les vibrations ne passent. Aussi, tout est insonorisé, de sorte à ce que l’on n’entende rien ailleurs dans la maison lorsqu’un musicien joue et que je procède à son enregistrement.

Justement, quel type de musique enregistrez-vous ?

La plupart du temps, je travaille avec des musiciens classiques. C’était en fait le but lorsque j’ai réfléchi à la construction de mon studio, que de faire presqu’uniquement de l’enregistrement de musique classique ou de jazz. Parce que les studios pop-rock, il y en a déjà quelques-uns ici à Luxembourg. C’est la raison pour laquelle j’ai pourvu le studio d’un piano, qui est en fait un piano de concert Steinway & Sons, l’une des meilleures marques de pianos que l’on puisse trouver au monde. C’est de ce fait un avantage, car je peux en faire profiter tous les musiciens qui viennent enregistrer chez moi. Il s’agit là d’un vrai gage de qualité.

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Photo:Marion Dessard

Si l’on en vient à parler vocabulaire, comment dénommez-vous la pièce où se trouve ce piano ?

C’est la salle « studio ». Il y a en fait une salle de régie, là où se trouve la technique, et une salle de studio, là où la musique est jouée. Après, il est également possible d’enregistrer les instruments séparément : le piano dans la salle studio, et un autre instrument dans la régie. Cela peut être intéressant si l’on souhaite écouter soit juste le piano, soit uniquement l’autre instrument, puis après les deux ensemble.

Est-ce que vous avez vous-même un instrument de prédilection ?

Je joue du piano, j’ai commencé à en jouer à l’âge de quatre ans, avec ma grand-mère ; nous chantions et nous jouions de la musique après l’école. Mais depuis, je me suis orienté vers un autre instrument, qui est à présent devenu « mon » instrument. Il s’agit de l’euphonium. C’est un instrument de la famille des cuivres. Vous savez, je suis passionné par la musique, j’ai suivi des études pour devenir musicien professionnel et aujourd’hui j’enseigne aussi la musique. J’en suis très content.


«Après quelques années de préparation, je suis très heureux d’avoir pu réaliser mon rêve et de diriger aujourd’hui mon propre studio au sous-sol de ma maison. Rencontrer de la diversité, de la satisfaction et, surtout, du plaisir au travail est pour moi la meilleure des choses. »


Vous n’enregistrez que de la musique ?

Non, je fais aussi de l’enregistrement de voix, pour des films par exemple. De la même manière, si un chanteur ou une chanteuse souhaite réaliser un disque, je vais tâcher de réaliser son projet. Ce qui est à la mode, c’est l’offre de « bons cadeaux », soit pour permettre à une personne d’être enregistrée, soit pour réaliser des enregistrements à destination de proches. Mon travail consiste alors à accompagner le client lors de l’enregistrement, à lui donner des conseils, à l’aider et à l’encourager pour parvenir au meilleur résultat possible. Et si je ne peux pas faire en sorte que tout le monde ait une belle voix, je peux néanmoins faire en sorte que tout le monde chante juste.

Mais tout votre matériel vous permet de retravailler la musique, n’est-ce pas ?

Mon travail consiste à réaliser des coupes, des effets et un bon mixage. Vous savez, il y a différentes entrées de micros, différentes pistes, avec différents types d’instruments. Le piano sur six pistes, la batterie sur neuf pistes par exemple, le chant sur une piste différente encore. Moi, je fais les balances. Si la petite caisse est trop forte, il faut la diminuer ; si les fréquences ne conviennent pas, il faut le percevoir et les travailler. Cela vaut également pour le chant. Un chanteur peut chanter dix fois le même morceau, il faudra savoir reconnaître la meilleure version.

L’oreille musicale est donc importante…

Evidemment. Elle est même indispensable en musique classique. Etre ingénieur du son, cela ne veut pas seulement dire savoir installer les micros. Pour l’enregistrement de musique classique, il est très important que l’ingénieur du son puisse lire les notes et reconnaisse la moindre petite faute commise par un musicien. Ceci implique donc qu’il dispose de connaissances musicales, d’harmonie, ou d’orchestration. Peut-être que ceci joue moins dans le domaine rock-pop. Néanmoins, si l’on enregistre du classique, il n’y a pas que la technique, mais aussi la partition qui compte.

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Photo:Marion Dessard

Vous êtes musicien et ingénieur du son. En ce sens, vous pouvez tant créer votre propre musique qu’enregistrer celle des autres. Que préférez-vous ?

Les deux me plaisent, quand il s’agit de musique, il n’y a rien que j’apprécie moins. Chaque projet est différent. Je viens de terminer l’enregistrement de la musique pour le tram. C’est un pianiste de jazz qui l’a composée, et il est venu dans mon studio pour l’enregistrer. Chaque arrêt a un thème, avec des variations différentes. On a choisi mon studio notamment grâce à la présence de ce piano. La preuve en est qu’il s’agit certes d’un investissement, mais que cela aide les musiciens à concrétiser leurs projets.

Qu’en est-il du message que vous délivreriez aux jeunes qui voudraient devenir opérateurs du son ?

Je les encouragerais évidemment à suivre cette voie, car c’est un métier passionnant. Mais je les inviterais également à suivre des cours de musique. Avoir une base solide en théorie musicale est pour moi essentiel. Cela aide énormément, en tout cas dans mon domaine. Pour le reste, vu qu’on travaille avec des gens, et qu’on a affaire à des tas de personnalités différentes, je leur dirais qu’il est important d’avoir de l’empathie. Il faut savoir rassurer ceux qui se placent pour la première fois devant un microphone, et savoir les mettre à l’aise. Ce n’est pas un métier ennuyeux : les gens, la musique, les projets, tout est toujours différent, à chaque fois.

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Photo:Marion Dessard

Vous faites cela pendant votre temps libre, et non à temps plein. Est-ce qu’il y a une raison à cela ?

Je dirais que c’est avant tout parce que l’enseignement reste ma priorité. J’adore enseigner la musique, j’aime être utile aux étudiants musiciens. Aussi, je suis quelqu’un qui aime faire plusieurs choses à la fois. Je suis musicien, j’aime faire des concerts. Je suis aussi chef d’orchestre. Et cela demande également du temps et de la préparation. Vous comprendrez donc que faire uniquement de l’enregistrement, en toute honnêteté, j’aurais trouvé cela monotone. Et je préfère que la vie soit rythmée et mélodieuse.

 


Propos recueillis en mars 2018
par Sabrina Funk, Secrétaire Général